Translate

mardi 27 juin 2017

Etat souverain

J'ai regardé hier soir le documentaire d'Oliver Stone sur Poutine mais pas le débat, ou plutôt je me suis endormie devant, c'était trop tard pour moi. J'ai vu ce matin que les chacals de la médiocratie glapissaient à qui mieux mieux et déjà, hier, j'avais sur mon fil de commentaires, sur facebook, une trollette qui hurlait au dictateur et à la propagande. Il faudrait parler à ce type d'un ton agressif, comme s'il était au tribunal, et encore pas n'importe quel tribunal, un tribunal révolutionnaire destiné à épurer et réprimer. C'est ce qu'on fait avec le Pen et généralement toutes les têtes de Turc de la bobocratie, et ceux qui, ouvrant les yeux, quittent ses rangs un jour, comme le journaliste qui avait fait un documentaire relativement honnête sur l'Ukraine. Pour ces gens, nous sommes incapables de nous faire une opinion par nous-mêmes. Nous ne pouvons qu'être endoctrinés, sinon par eux, alors par ceux qu'ils détestent sans aucun argument que des calomnies et des incantations assénées avec aplomb et destinées à intimider et museler d'éventuels contradicteurs. Le reproche fait à Oliver Stone doit être compris au rebours de ce qu'il est, puisque cette clique retourne tout: on lui reproche non de faire de la propagande mais justement de ne pas en faire, dans le sens unanime du fantasme occidental homologué. Il me semble que toute interview devrait partir du désir de donner à l'interviewé l'occasion d'exposer son point de vue, qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, avec politesse et attention, sans complaisance servile ni agressivité systématique, et non d'organiser un interrogatoire. C'est ce que fait Oliver Stone, et il est évident qu'il trouve Poutine sympa, ce qui est son droit, je dois dire que moi aussi.
Je l'ai trouvé sympa dès le départ, par son discours direct, intelligible, ferme et mesuré. Après la marionnette ivrogne qui l'avait précédé et qui avait mis la Russie à genoux devant les oligarques et les Américains, son apparition me parut avoir quelque chose de miraculeux. J'avais dit à mon père spirituel, monarchiste et viscéralement anticommuniste: "Le KGB reprend les rênes? " Il m'avait répondu: "Le KGB a au moins le sens de l'état." En dépit de tout le mal que je pense de cette institution au départ, mon séjour en Russie m'a appris à nuancer ma position. Car le KGB, devenu FSB, n'en est pas resté au stade du NKVD et de la Guépéou, les choses ont évoluées, et aussi, les services secrets de défense nationale et de renseignement ne sont pas la même chose que la police de répression politique. J'avais eu l'occasion d'en parler avec un ancien colonel du renseignement, rencontré en croisière, homme intelligent, patriote et orthodoxe. Le FSB n'est actuellement rien d'autre qu'un service de renseignement, analogue au nôtre, je ne dirais pas à la CIA, car la CIA aujourd'hui me paraît aussi néfaste, dangereuse et tentaculaire que le KGB de la grande époque, sinon plus, car elle bénéficie de beaucoup plus de moyens. Du reste, on observe que les dissidents vont en sens inverse. Iouri Iourtchenko, indigné par les mensonges médiatiques français à propos de l'Ukraine et du Donbass, est parti faire de la réinformation que personne ne voulait écouter, et après avoir été torturé par les bataillons néonazis, est revenu définitivement à Moscou. Snowden n'a trouvé de refuge qu'en Russie. Moi-même, malgré mon âge et les difficultés d'un déménagement là bas et de l'obtention d'un permis de séjour, je suis partie. Je suis partie, en dehors d'autres raisons personnelles et spirituelles, pour être dans le bon camp, contre les fauteurs de troubles, de guerres civiles, contre la mafia bancaire internationale qui noyaute tout l'Occident et voudrait dominer le monde, contre les manipulateurs de société, les corrupteurs de moeurs, les organisateurs d'invasion, les destructeurs des pays qu'ils contrôlent en se conduisant comme des parasites. Loin d'eux, le plus loin possible. Même s'ils ont ici leurs suppôts et leurs dupes, la Russie, comme le rappelle Poutine, à la différence de la France vassalisée, est un état souverain.
. D'après le documentaire d'hier, je dirais que contrairement à ce qu'on nous assène, ce n'est pas lui qui ment, et cela se voit et s'entend. A certains moments, il refuse de répondre, il esquive la question. Nous entrons dans les secrets d'état, il ne nous en donne pas l'accès. Mais pour tout le reste, ses propos sont clairs, argumentés, étayés, il prend la peine de tout expliquer avec calme, il ne glapit pas des slogans, des incantations et des contre-vérités comme les dirigeants occidentaux, en essayant d'empêcher les autres de parler et d'écouter. Les gens devraient être considérés comme capables de juger par eux-mêmes sans ce concert d'imprécations, préalables et postérieures, destinées à les assourdir. Il nous fait l'honneur de nous supposer assez intelligents pour le faire.
En démocratie française exemplaire, je n'ai jamais pu voter pour quelqu'un qui me plaisait vraiment. Je votais contre ceux qui me déplaisaient le plus, jusqu'au jour où j'ai vu que c'était bonnet blanc et blanc bonnet, nous l'avons d'ailleurs tous vu, et nous avons vu, à gauche et à droite chez les gens conscients, comment le pouvoir était confisqué, l'opinion manipulée, la population bernée. Je n'ai jamais pu vraiment m'exprimer non plus, car je n'avais pas la forme d'esprit ni les opinions qu'il fallait, et me retrouvais ostracisée. Avec la plupart de mes amis, je me taisais sur tous les sujets politiques. A la fac, j'ai été l'objet d'une vraie persécution de la part d'un professeur qui m'avait acculée à dire le fond de ma pensée. J'assiste depuis longtemps à la destruction de mon pays par des élites écervelées et des malfaiteurs qui les utilisent. Ceux qui ne participaient pas à cela laissaient faire par négligence, inconscience, paresse, et puis, il faut bien le dire, on peut avoir de l'instinct et du bon sens, mais il n'est pas à la portée de tout un chacun de comprendre ce qui se passe au plan politique, national et international. Sans être forcément des imbéciles, les gens n'ont pas tous le temps ni la forme d'esprit pour se pencher là dessus et en tirer les bonnes conclusions. Néanmoins, il est à la portée d'une personne normalement élevée de faire la différence entre une expression franche et une gueule de faux témoin, un discours étayé et clair et un salmigondis idéologique pour victimes de la secte Moon.
Pendant le débat où j'ai dormi, j'ai capté qu'on affirmait que Poutine mentait en prétendant ne pas contrôler l'information. Sur quelle base l'affirme-t-on? La presse russe est en partie exactement dans la même mouvance que la nôtre et répète, par exemple, à ses sectateurs, (sectateurs est le mot) que les troupes russes sont entrées en Ukraine, ce qui ne résiste pas à l'examen du plus élémentaire bon sens et n'est prouvé absolument par rien. Nikita Mikhalkov a démontré dans ses émissions Besogon comment le journaliste Ganapolski trafiquait délibérément l'information, au sujet de l'Ukraine et de la Crimée, coupait la parole à ceux qui le contredisaient et les insultait, il a montré les "opposants" en congrès quand ils proclamaient la nécessité de démembrer la Russie, de la casser en plusieurs morceaux et de la mettre sous gouvernement international, je l'ai vu de mes yeux, entendu de mes oreilles, traduit, la vidéo est bloquée par youtube. Tous ces opposants, que je qualifierais plutôt de traîtres et de marionnettes oranges, tous ces journalistes malhonnêtes et haineux se portent fort bien et continuent à empoisonner tranquillement les esprits, la différence entre la Russie et nous, c'est qu'il y a aussi des médias qui leur apportent la contradiction, ce que nous n'avons pratiquement plus.
Je vois ici des gens mécontents, et souvent pour de bonnes raisons. Cependant, dans le moment difficile que nous traversons, et après les bouleversements qu'a subi la Russie, la période Eltsine faisant suite au communisme, je ne vois pas comment cela pourrait être ici le paradis du jour au lendemain. Qui plus est, les raisons de mécontentement sont souvent locales et nécessitent une résistance locale à l'impudence, la cupidité, la malhonnêteté de fonctionnaires qui se croient tout permis. Ces gens croient souvent que nous avons en Europe la démocratie idéale et un niveau de vie sensationnel. Ce sont des gens qui restent, comme les occidentaux, au niveau de leur quartier et de leur cour d'immeuble, et rêvent que l'herbe est plus verte ailleurs. Au moment même où notre niveau de vie s'effondre et où notre petit accident historique prospère et humain est battu en brèche par l'avènement d'une dictature libérale internationale et l'invasion qu'elle organise, l'intellectuel russe continue de rêver démocratie idéale, petits cafés, petits restaurants, petits commerces, gentils fermiers, aimables agents de police, Louis de Funès, Charles Trenet, Pierre Richard, en gros, les années 50 et 60. Quand ils viennent chez nous en touristes, c'est souvent ce qu'ils voient, ils ne sont pas au courant des suicides massifs de nos 6% d'agriculteurs, des centre-villes qui meurent, des SDF en quantité exponentielle, des manipulations d'opinion, des bourrages d'urnes, des intimidations diverses, de l'unanimité en béton de la presse, des délits d'opinion entraînant lourdes amendes et peines de prison, de la corruption et de l'arrogance de nos petits marquis, du double standard systématique dans le traitement des gens, selon qu'ils appartiennent à telle ou telle mouvance, ethnie ou religion. Je pense personnellement que c'est l'ensemble de la planète qui va mal et cela ne va pas s'arranger, pour toutes sortes de raisons, dont la première est la cupidité effrénée et l'absence totale de scrupules des puissances d'argent, des lobbys.
Cependant, dans ce monde qui va mal, la Russie qui souffre comme les autres et a souffert beaucoup plus, est un ETAT SOUVERAIN.
Actuellement, un état qui n'est pas souverain ne peut être dit démocratique, puisque on se fout éperdument dans les hautes sphères transversales de ce que le bon peuple préfère, nous l'avons déjà vu maintes fois. Un état vassal fait ce que lui dit son suzerain et il est dirigé par des compradores, autrement dit des traîtres, des hommes de main. C'est notre cas, avec nos élections trafiquées, notre presse entièrement noyautée par quatre ou cinq milliardaires. Nous n'avons donc aucun droit à critiquer le gouvernement russe. Occupons-nous plutôt du nôtre ou de ce qui en tient lieu...



4 commentaires:

  1. Merci.

    J'aurais pu écrire ce texte (à quelques détails près, bien évidemment :), c'est exactement ce que je ressens par rapport à la Russie et à notre Occident

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Dommage que nous ne soyons pas plus nombreux à le comprendre.

      Supprimer
  2. Nous sommes au moins trois ! ;) (je plaisante)

    RépondreSupprimer