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lundi 31 juillet 2017

Bilan épistolaire

Mon blog me met en relation avec des correspondants intéressants, et à l'occasion d'un échange de lettres avec un monsieur, j'ai eu l'occasion de préciser un certain nombre de choses qui sont déjà un petit bilan de mon expérience. J'ai décidé de publier ce bilan.
Je suis trop souvent sur Facebook, pour toutes sortes de raisons. J'y ai des échanges intellectuels, ou spirituels, des assauts de mots d'esprit, ce que je n'ai pas toujours la possibilité de faire dans le quotidien. Je tente de diffuser de la réinformation, au sujet de la Russie, du Donbass. J'observe ce qui se passe et voit se composer petit à petit le puzzle terrible dont la vision de plus en plus précise fait de nous ces Cassandre que nous évoquons ensemble. Je diffuse aussi des articles ou réflexions spirituelles, des nouvelles de ce qui se passe sur ce plan-là et dont on ne parle nulle part ailleurs ou presque. J'avais ainsi fait tout un reportage sur la grande procession organisée en Ukraine par le métropolite Onuphre pour la fête du baptême de la Russie (qui était alors une entité où n'existait de divisions qu'entre différentes principautés toutes slaves, orthodoxes et russes sans aucune Ukraine fabriquée façon Golem, ce qui est devenu par la suite les Russie du tsar de toutes les Russie ou du patriarche de toutes les Russie) et pour le retour de la paix. 200 000 personnes y avaient participé dans tous le pays (100 000 à Kiev cette année) bravant le pouvoir, les néonazis des bataillons punitifs. Je recueillais à travers diverses pages de prêtres, de moines ou de simples laïcs participants des témoignages que je traduisais et des photos, pour en garder une trace, d'ailleurs tiens, bonne idée, je vais mettre cela sur mon blog. Je traduis également des témoignages sur les martyrs de Russie et tout ce qui me paraît faciliter la compréhension spirituelle et profonde de ce qui arrive à notre monde. Mais je suis perpétuellement déstabilisée, irritée, indignée ou effarée par ce que je vois. comme dit mon père spirituel, qui s'indigne pourtant aussi beaucoup, l'indignation est un sentiment ambigue et dangereux. Je perds énormément de temps que je pourrais consacrer au reste soit la prière, le chant traditionnel, la peinture, l'écriture. Il faut dire que quand l'écriture m'absorbe vraiment, cela est si tyrannique que même facebook recule, mais je n'écris pas toujours dans cet état de transe, qui est lui-même parfois éprouvant et dangereux mais dont surgit un résultat concret... Facebook est un truc essentiellement satanique qui sert pourtant parfois mystérieusement de contrepoison au monde qui l'a  engendré. J'aimerais pouvoir continuer à m'en servir sans me laisser sucer par ce tohu-bohu, image de celui qui règne ici-bas. Mais finalement, ce combat est sans doute celui de toute personne qui mène une vie spirituelle, même sans facebook. Vos enfants ont en partie raison, puisque les médias nous mentent à tire larigot, il faut aller chercher soi-même les infos réelles et crédibles, et parfois se fier à son instinct et à sa conscience pour déterminer si elles le sont, si la pièce entre dans le puzzle.
C'est vrai que les gens ont la flemme de donner des nouvelles autrement, j'ai un ami qui ne va jamais sur Internet, et le coincer au téléphone est difficile, eh bien ça complique les choses! Nous nous revoyons depuis que je suis en Russie. 
J'espère avoir ce permis de séjour pour sortir de la situation entre deux chaises. Je vous dirai que tout ceci n'est pas simple. J'ai dû vaincre mon appréhension et mon désir d'avoir la paix, c'est-à-dire d'attendre tranquillement sur place la cata finale en allant au monastère de Solan, en me promenant tous les jours dans les pinèdes et les guarrigues. En allant en Russie, je me suis mise en conformité avec moi-même, avec le chemin de ma vie, et en effet, j'y ai beaucoup plus de perspectives, je chante à nouveau, je fréquente à nouveau des ethnomusiciens, je fréquente des artistes et des intellectuels vrais et profonds, j'ai de sérieuses chances de publier et de toucher des gens que concernent ce que j'écris. Je pense aussi réaliser un témoignage, par mon choix, devant les Français qui me lisent, mais aussi devant les Russes qu'un tel choix sidère. Une artiste peintre m'a déclaré: "Vous m'avez donné l'occasion de voir qu'une véritable idéaliste peut exister en chair et en os." Mais j'ai eu l'impression de repartir au combat alors que je n'aspirais qu"au repos, et c'est bien de cela qu'il s'agit. D'un point de vue matériel et administratif, les choses vont peu à peu se résoudre, naturellement, et ma maison est plus agréable à habiter que celle que j'avais dans le Gard, plus claire, plus grande, mieux chauffée, paradoxalement moins humide (peut-être le bois à la place de la pierre), alors que je vis dans un marécage, une sorte de Camargue froide pleine de roseaux. Je pense que je m'en sortirai mieux sur un plan financier, mais l'aventure me coûte quand même cher, tout changement me fait perdre des plumes, car je gère tout cela très mal. Je suis extrêmement fatiguée par les travaux, les démarches, les allées et venues, le climat, les émotions diverses. Cela va se tasser plus ou moins. Mais je me rends compte que le combat se situera bientôt ailleurs: je deviens peu à peu là bas un phénomène, si mon livre est publié, je le deviendrai encore plus et je serai attaquée par les libéraux qui sont scandalisés de m'avoir vu choisir "ce pays", "cette populace" et "cette religion" (rétrograde qui pue la sainte Russie). Je serai également attaquée de l'autre côté par les néocommunistes et négationnistes staliniens par mon refus de participer à cela et de cracher, pour justifier leur idéologie sur les tombes des nombreuses victimes innocentes qu'elle a laissée derrière elle. Pourtant, j'avais fini par faire la paix avec les communistes qui au moins, partageaient avec moi le respect des valeurs humaines établies telle que la famille et la patrie, du moins en ce qui concerne ceux d'aujourd'hui, pas les bolcheviques, évidemment. Et le capitalisme libéral me dégoute tellement, me parait tellement corrupteur et de plus en plus totalitaire, que je me ficherais complètement de voir le pays revenir à une sorte de communisme non idéologique, où les ressources et les organismes  d'intérêt général seraient nationalisés, où nulle fortune hypertrophiée et tentaculaire ne serait plus pêrmise et où tout le monde vivrait modestement. Mais c'est que ces gens là viennent systématiquement aboyer dans mes commentaires quand j'évoque Nicolas II ou la collectivisation, colporter d'ignobles calomnies sur tous ces morts et j'en ai même un qui a osé me dire que l'URSS était l'apothéose de l'histoire russe! Mon refus de me laisser embrigader là dedans (si je ne suis pas libérale, alors il me faut être stalinienne) les déçoit et les indigne! Ma position est tout à fait simple: je suis orthodoxe et tsariste, je suis slavophile et médiévale. Tout le reste vient pour moi du démon. Il y a des gens comme moi en Russie, il y en a même pas mal, et je dirais que ce sont les Russes véritables, entre les mondialistes qui n'ont plus ni culture ni patrie et les mutants post-soviétiques. Mais l'existence des deux mouvements issus du progressisme matérialiste et du rationnalisme dont nous crevons tous compromet le mouvement précédent qui allait dans le sens du repentir, de la réconciliation et du retour aux sources. Dans le désastre eltsinien, on n'entendait plus glapir les nostalgiques du goulag et des éxécutions de masse, on entendait seulement les libéraux, cela ne fait pas beaucoup de monde, même s'ils tiennent le moitié des médias. Cependant, les uns nourrissent les autres, et se justifient mutuellement:  l'existence de traîtres caractérisés justifie a posteriori la politique de répression stalinienne aux yeux de beaucoup de gens simples exaspérés. Fort heureusement, à l'intérieur de ces deux groupes égarés, il y a des nuances individuelles, qui permettent une osmose par capillarité. Des communistes et même des néostaliniens qui regrettent l'immonde assassinat de la famille impériale ou les diverses purges, et n'ont pas d'antipahie pour l'Eglise Orthodoxe. Des libéraux qui ne renient pas complètement leur patrie mais se laissent embarquer par leur milieu, l'indignation suscitée par la conduite souvent extrêmement répréhensibles des fonctionnaires et qui ne voient pas plus loin que ce qui se passe sour leur nez. Mais partout où se développe la confusion fleurit le mensonge et la haine. Certains commentaires antireligieux délirent positivement de haine: Eglise Orthodoxe = sainte Russie = tout ce qui nous fait honte, alors que nous devrions en être fiers. Cela nous fait honte, parce que nous voudrions être des Américains ou des Allemands (grand Dieu pourquoi?) ou cela nous fait honte, parce que nous avons laissé assassiner tout cela par des aventuriers pour un résultat sinistre et médiocre qui a débouché sur un désastre.



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