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mardi 11 juillet 2017

Mondanités

Mon voisin Oleg est un gros nounours très sympa. C'est le fils de Violetta, qui est gentille, mais autoritaire et intrusive. Il m'a emmenée changer la débroussailleuse défectueuse que j'avais achetée, et malgré l'absence du ticket de caisse, les vendeuses ont retrouvé mon achat sur l'ordinateur. Maintenant, ici, on ne rembourse pas ou n'échange pas comme ça. Déclaration signée, photocopie du passeport, délai d'attente.
Oleg m'a expliqué qu'il était marié avec une Ukrainienne d'Odessa. Elle attend comme moi un permis de séjour. La différence, c'est qu'elle est de culture et de langue russes, et combien sont-ils, de ces Russes que la trahison de leurs apparatchiks et de Boris Eltsine a mis du jour au lendemain à l'étranger? Poutine a mentionné ce drame, mais au lieu de leur ouvrir les frontières on leur fait autant de difficultés qu'aux musulmans d'Asie Centrale qui souvent ne parlent pas la langue et n'ont aucun lien ni spirituel, ni culturel avec la Russie, ou à une Française, comme moi. Je soupçonnais les fonctionnaires responsables de chercher à détruire la Russie de l'intérieur en décourageant ceux qui la consolideraient et en favorisant ceux qui peuvent lui nuire, mais lui pense que c'est une question d'argent, de ce qu'on peut soutirer aux candidats à l'immigration.
Il considère que tant que Poutine et le FSB contrôlent la situation, on n'a pas trop ici de souci à se faire.
En fin d'après-midi, j'ai donné un cours de français à deux gamines , dans le club attenant au café français. Puis j'ai vu la patron, Gilles, et sa femme Lika. Est arrivé un jeune couple. Elle vit depuis deux ans sur place, lui est acteur à Moscou: "Ah vous êtes la Française qui s'est installée ici?" Même chose avec deux hommes d'affaire qui ont ici une laiterie industrielle et qui m'ont raccompagnée en 4x4 Mercedes après m'avoir rincé la dalle.
Tous ces gens me parlent de l'Europe avec commisération et inquiétude. Ils vont visiter Paris, celui de Toulouse-Lautrec et d'Edith Piaf, et arrivent en Afrique. Ils sentent dans l'air "quelque chose de pesant, une angoisse latente". Un des hommes d'affaire qui avait émigré en Autriche à la fin des années 70, m'a dit: "C'est fichu. Même en Autriche, c'est fichu."
La bienveillance envers les Français ou plus généralement les Européens, est inaltérable, une immigration de Français est envisagée de façon parfaitement positive: "le pays est grand". On leur fera de la bonne bouffe, on donnera des cours de français aux enfants.
Cela me touche, mais mon cœur se serre quand je pense à ce qu'on nous a fait, à ce que l'on continue à nous faire, et à notre absence de réaction réelle. Je me sens pleine de chagrin et de colère.
Gilles m'a parlé des chevaux cosaques. C'est le "Parc Russe" qui est en faillite. Pour racheter les derniers chevaux il faut 120 000 roubles, soit 2000 euros.

Ce n'est pas la main dans le sac, mais la tête dans le sac
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