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mardi 7 novembre 2017

« Tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive » (Mat. 26,52-



Epître du Patriarche Tikhon au Soviet des Commissaires du Peuple 1918
Cette prophétie du Sauveur nous vous l’adressons, à vous qui bouleversez les destins de notre patrie, et vous dénommez commissaires « du peuple ». Cela fait une année entière que vous détenez le pouvoir entre vos mains et vous vous préparez déjà à fêter l’anniversaire de la révolution d’Octobre. Le sang de nos frères, abattus sans pitié à votre appel et répandu à flots crie vers le Ciel et nous oblige à vous proférer la parole amère de la vérité.
En prenant le pouvoir et en appelant le peuple à vous faire confiance, quelles sont les promesses que vous lui avez faites et comment les avez-vous tenues ?
En vérité, vous lui avez donné des pierres au lieu de pain et un serpent en place de poisson (Mat.7,9). Au peuple exténué par une guerre sanglante, vous avez promis de donner une paix « sans annexions ni contributions ».
Quelles conquêtes pouviez-vous refuser, vous qui aviez amené la Russie à une paix honteuse, dont vous n’avez même pas pu vous décider vous-mêmes à rendre publiques les conditions humiliantes? Au lieu d’annexions et de contributions, notre grand pays est conquis, diminué, démembré, et en paiement du tribut imposé vous exportez secrètement en Allemagne un or que vous n’avez pas amassé vous-mêmes..
Vous avez dépouillé nos combattants de tout ce pourquoi ils s’étaient auparavant brillamment battus. Vous leur avez appris, à eux qui étaient encore récemment braves et invincibles, à déserter la défense de la Patrie, à fuir le champ de bataille. Vous avez éteint dans les cœurs la conscience inspirante qu’ « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15, 13). Vous avez échangé la patrie contre une zone internationale sans âme, bien que vous sachiez parfaitement vous-mêmes que lorsque l’affaire touche à la défense de la patrie, les prolétaires de tous les pays s’en révèlent les fils fidèles et non les traîtres.
Refusant de défendre la patrie contre les ennemis extérieurs, vous ne cessez cependant de recruter des troupes.
Contre qui les conduisez-vous ?
Vous avez divisé tout le peuple en deux pays ennemis et l’avez précipité dans une guerre fratricide à la cruauté sans précédent. Vous avez ouvertement échangé l’amour pour le Christ contre la haine et au lieu de la paix, vous attisez artificiellement la lutte des classes. Et l’on ne voit pas de fin à la guerre que vous avez engendrée, car vous vous efforcez par les mains des ouvriers et des paysans russes de faire triompher le fantôme de la révolution mondiale.
Ce n’était pas à la Russie qu’était nécessaire le traité honteux que vous avez conclu avec l’ennemi extérieur, mais à vous, qui aviez décidé de détruire définitivement la paix interne. Personne ne se sent en sécurité ; tous vivent dans la peur constante d’une perquisition, d’un pillage, d’une déportation , d’une arrestation, d’une exécution. On se saisit de gens sans défense par centaines, on les fait pourrir des mois en prison, on les punit de mort souvent sans aucune enquête ni jugement, sans même un procès sommaire rendu par vous. On exécute non seulement ceux qui se sont rendus coupables de quelque chose devant vous mais aussi ceux qui ne sont notoirement coupables de rien, mais ont été pris seulement en qualité « d’otages », on tue ces malheureux en représailles de crimes commis par des gens dont non seulement ils ne partagent pas les idées, mais qui sont bien souvent vos propres partisans ou ceux qui vous sont proches par les convictions. On exécute des évêques, des prêtres, des moines et des moniales, qui ne sont coupables de rien sur l'accusation indéterminée de quelque "contre-révolution" vague et indéfinie. L’exécution inhumaine est aggravée pour les orthodoxes par la privation de leur unique consolation avant de périr : le viatique des Saints Dons, et les corps des victimes ne sont pas rendus à leurs proches pour des funérailles chrétiennes.
Tout cela n'est-il pas un summum de cruauté absurde de la part de ceux qui se font passer pour des bienfaiteurs de l'humanité, se prétendant eux-mêmes les victimes des autorités cruelles ?
Mais c’est peu pour vous d’avoir rougi les mains du peuple russe du sang de leurs frères : sous l'alibi de dénominations diverses, contributions, réquisitions et nationalisations, vous l’avez poussé au pillage le plus évident et le plus éhonté.  A votre instigation, ont été pillées ou volées des terres, des résidences, des usines, des fabriques, des maisons, du bétail, on vole de l’argent, des affaires, des meubles, des vêtements. Au début, sous la dénomination de « bourgeois », on a volé les gens aisés, ensuite, sous celle de « koulaks », on s’est mis à voler aussi les paysans qui s’en sortaient bien et qui travaillaient, augmentant de la sorte le nombre des miséreux, bien que vous soyez obligés de reconnaître qu’avec la ruine d’une grande multitude de citoyens particuliers, c’est la richesse du peuple qui est détruite, et le pays lui-même qui est ruiné.
Séduisant le peuple obscur et ignorant avec la possibilité d’un gain facile et impuni, vous avez troublé sa conscience, étouffé en lui la conscience du péché ; mais quels que soient les noms dont vous avez pu couvrir vos méfaits, le meurtre, la violence, le vol resteront toujours des péchés et des crimes graves qui crient vers le Ciel.
Vous avez promis la liberté…
C’est un grand bien que la liberté, si on la comprend de manière juste, comme l’affranchissement du mal, qui n’opprime pas les autres, sans se transformer en arbitraire et en volonté personnelle sans frein. Mais cette liberté, vous ne l’avez pas donnée : celle que vous avez donnée consiste en une indulgence de tout acabit envers les plus bas instincts de la foule, l’impunité du meurtre, les pillages. Toute manifestation de liberté véritablement citoyenne comme supérieurement spirituelle est impitoyablement réprimée par vos soins. Est-ce la liberté quand personne ne peut sans permission se procurer sa subsistance, louer un appartement, quand des familles, et parfois tous les habitants d’un immeuble sont exclus de chez eux, et leurs possessions jetées à la rue, et quand les citoyens sont artificiellement divisés en catégories, dont certaines sont livrées à la famine et au pillage ?
Est-ce la liberté, quand personne ne peut ouvertement exprimer son opinion, sans craindre de tomber sous l’accusation de contre révolution ? Où est la liberté de parole et de presse, ou est celle de prêcher à l’église ? Beaucoup de prédicateurs audacieux l’ont payée du sang du martyr ; la voix de la condamnation et de la dénonciation publique et gouvernementale est étouffée ; la presse, à part celle des bolcheviques, n’a plus du tout la parole.
La violation de la liberté dans les affaires de la foi est particulièrement douloureuse et cruelle. Il ne se passe pas de jour sans que dans les organes de votre presse ne se glissent les calomnies les plus monstrueuses sur l’Eglise du Christ et ses serviteurs, des sacrilèges haineux, des profanations. Vous couvrez de sarcasmes les servants d’autel, obligez des évêques à creuser des tranchées (l’évêque de Tobolsk Hermogène) et envoyez les prêtres faire de sales travaux. Vous avez mis la main sur l’héritage de l’Eglise, assemblé par des générations de croyants et n’avez pas hésité à violer leurs dernières volontés. Vous avez fermé toute une série de monastères et d’églises domestiques, sans aucun prétexte ni cause à cela. Vous avez limité l’accès au Kremlin de Moscou, c’est l’héritage sacré de tout le peuple croyant. Vous violez la forme véritable de la communauté chrétienne, la paroisse, anéantissez la fraternité et autres institutions ecclésiastiques de charité et d’éducation, dispersez les réunions épiscopales, vous mêlez de la gestion intérieure de l’Eglise Orthodoxe. Chassant des écoles les saintes images et défendant d’enseigner la foi aux enfants, vous les privez de la nourriture spirituelle indispensable à l’éducation orthodoxe.
«Et que dirai-je encore ? Je n’aurai pas le temps » (Heb. 11,32) de représenter tous les malheurs qui ont atteint notre Patrie. Je ne parlerai pas de l’effondrement de la Russie autrefois grande et puissante, de la totale dégradation des voies de communication, de la destruction sans précédent de la production, de la faim et du froid, qui nous menacent de mort dans les villes, de l’absence de tout ce qui est nécessaire à l’économie des villages. Tout cela est évident aux yeux de tous. Oui, nous traversons l’époque affreuse de votre domination, et elle mettra longtemps à s’effacer de l’âme du peuple, obscurcissant en elle l’image de Dieu et imprimant en elle celle de la bête. Les paroles du prophète se réalisent : «Leurs jambes courent vers le mal, et ils se hâtent de verser le sang innocent ; leurs pensées sont des pensées impures ; la désolation et la chute viennent sur leurs traces » (Isaïe 59,7). Nous savons que nos accusations n’éveilleront en vous que la haine et la perplexité et que vous chercherez seulement un prétexte pour nous accuser d’opposition au pouvoir mais plus haute sera la « colonne de votre haine », mieux elle témoignera de la véracité de nos accusations.
Il n’est pas de notre ressort de juger le pouvoir terrestre, tout pouvoir donné par Dieu s’attirerait notre bénédiction, s’il s’avérait vraiment un « serviteur de Dieu » pour le bien de ses sujets et n’était pas « terrible aux bonnes choses mais aux mauvaises » (Rom.13, 34). Maintenant, vous, qui utilisez le pouvoir pour persécuter vos prochains, exterminer les innocents nous vous adressons notre admonestation : fêtez l’anniversaire de votre prise de pouvoir par la libération des détenus, l’arrêt des effusions de sang, de la violence, de la ruine, de la persécution de la foi ; tournez-vous non vers la destruction mais vers l’installation de l’ordre et de la légalité, donnez au peuple le repos désiré qu’il mérite de cette lutte fratricide : Autrement, il vous sera demandé compte de tout le sang juste que vous avez versé (Luc 11,51) et vous périrez vous-même par le glaive que vous avez tiré (Mat.26,52).
Tikhon, patriarche de Moscou et de toutes les Russie, le 13 (26) octobre 1918
Tomskiye yeparkhial'nyye vedomosti.-1919. № 13-14; Vestnik RSKHA- 1968. N 89-90
Traduction Laurence Guillon.


le saint patriarche Tikhon est un des nouveaux martyrs de l'Eglise Orthodoxe Russe. Comme beaucoup de prélats orthodoxes vénérables, comme saint Philippe, métropolite de Moscou, assassiné par Maliouta Skouratov, pour avoir refusé les crimes de l'Opritchnina, il a assumé sa mission jusqu'au bout avec courage, fermeté et foi. En traduisant cette admonestation à des gens pires que les opritchniks parce qu'antichrétiens et antirusses déclarés, je ne peux m'empêcher de voir les parentés avec ce qui s'est passé en France, cette division du peuple en deux qui dure jusqu'à présent et qu'on appelle démocratie, une division qui permet de régner à ce qui est devenu en deux cents ans de révolutions occidentales, russes ou tout ce qu'on voudra, de bains de sang et de désastres culturels et spirituels, une petite caste mafieuse mondialiste richissime absolument dépourvue de conscience qui nous détruit tous et de la même manière: en nous ôtant la mémoire, la conscience et en provoquant d'incessantes guerres intestines.

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