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dimanche 14 janvier 2018

Le concert prend forme

Le concert est prévu depuis la nuit des temps, mais comme d'habitude en Russie, j'ai les renseignements indispensables une semaine à l'avance... avec Micha, Serioja et Vadim, c'était d'ailleurs plutôt la veille!
Les merveilleux enfants Leïkine et leurs petits copains ouvriront le concert avec des chansons de leur choix. Ensuite, ce sera Dima Paramonov et ses élèves, puis moi avec deux ou trois chansons (je pense que ce sera trois, ça dépend de l'humeur de ma vielle). Puis l'ensemble Jivaïa Voda avec Yegor Strelnikov et Romane. Ensuite, nous chanterons ensemble un vers spirituel.
Mais auparavant, il y aura un stage, une leçon de deux heures et des élèves qui viendront de Yaroslavl, et même de Kostroma ou de villages perdus de la région de Yaroslavl, et ça, je n'étais pas au courant.
Mais ce n'est pas trop grave, je pense, car côté Gilles et Lika, c'est pareil, il y a des Français qui ne viennent pas par hasard faire leur vie en Russie, ils ont des dispositions...
Lika ne pouvait me donner une heure pour le concert, car elle voulait voir s'il n'y avait pas une éclipse de lune ce jour-là. Dima m'a dit: "A six heures, l'éclipse sera terminée". Ouf, me voilà soulagée. Nous avons décidé de l'heure et du stage et du concert, car sinon, nous aurions encore perdu deux jours.
J'avais préparé des chansons, mais il me faut apprendre le vers spirituel final, qui est très beau, d'ailleurs, et sûrement très ancien.

"Dans les eaux du Jourdain
J'irai trouver le Seigneur
Et le Saint Esprit
Descendu sur Lui"

Hier, j'ai lu le canon à l'archange Michel composé par Parthène le Fou, soit Ivan le Terrible. Je l'ai lu pour son âme et pour la mienne. Quelle étrange impression d'entendre prononcés par ma voix les mots de cette prière que le redoutable et malheureux tsar a conçue il y a quatre siècles... Je crois que je vais le faire régulièrement, pour lui et pour moi. C'est le père Valentin qui m'a fait passer par Xioucha les épîtres du tsar et son canon.
"Saint Ange, fais-moi boire la coupe du salut, et j’accueillerai ta venue avec joie et bonheur et je te prierai: ne me laisse pas dans la solitude"
La solitude, tsar Ivan, nous savons l'un et l'autre ce que c'est. Prions ensemble... ou plutôt laisse-moi prier à ta place, puisque là où tu es, tu ne peux plus rien faire.




Surgi du néant, l’Archange s’embrasait tout entier pour se ternir ensuite, comme un métal surchauffé retombe peu à peu dans son inertie et sa froideur initiales. Ses ailes coulaient sur son manteau, entrelaçant à l’infini leurs diagonales sanglantes, et son image se désagrégeait et s’effaçait dans la nuit. C’était une illusion récurrente des ténèbres, une illusion mortelle qui hantait ses songes.
Le tsar s’éveillait d’un court sommeil agité. Au dessus de sa tête voguaient, paisibles, les nefs translucides des veilleuses. « Eloigne-toi de moi, Satan ! » souffla-t-il et, se signant, il ajouta: « Que Dieu se lève et que ses ennemis soient dispersés, et que ceux qui le haïssent fuient devant sa Face ! »
Il chercha autour de lui et le vit près de l’icône d’or où figurait saint Michel en relief, dans son armure émaillée. Le jeune garçon chantait d’une voix sonore et poignante. Son avant-bras drapé de soie rouge, son joli visage et ses boucles blondes se détachaient de l’ombre par intermittence. Vêtu d’un caftan de laine blanche largement brodé de motifs noirs au point de croix, avec de longues manches à crevés nouées dans le dos, des braies rayées, une ceinture  et des bottes écarlates, il portait en travers de sa poitrine des gousli en forme d’aile : c’était avec l’escarboucle qu’il avait au doigt, une partie de l’héritage de son père.

Ils viennent, ils viennent, les derniers siècles
Les sources des rivières vont se tarir
Le soleil et la lune vont s’assombrir
Les claires étoiles tomber sur la terre
Et l’archange Michel va surgir
Il va sortir sur la haute montagne
Et jouer de sa trompette d’or :
Debout, les vivants et les morts…[1]







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